jeudi 8 novembre 2007

Les Experts : Autopsie d'un succès

Au début des années 2000, ni Paco Rabanne ni Madame Soleil n’auraient prédit le carton monumental de la série Les Experts. Plus qu’une série, c’est un vrai business qui rapporte chaque année des millions de dollars. Ultra « bankable », la série s’est transformée en franchise de luxe. Après deux saisons des Experts : Las Vegas, sont nés Les Experts : Miami puis les Experts : Manhattan. Ces trois séries tournent autour du même concept : chaque épisode suit l'enquête d'une équipe de police scientifique ..que dis-je.. une SUPER équipe de policiers scientifiques qui en plus de démasquer les criminels grâce à un seul poil de cul, font également office d’inspecteurs et savent utiliser leur flingue aussi bien que Clint Eastwood.

A l’origine de cette mine d’or télévisuelle, on trouve le mégalomane américain : Jerry Bruckeimer, surnommé « le fric de Beverly Hills ». Ce golden boy, au sourire de mauvais acteur de soap, a été l’un des producteurs les plus en vogue dans les années 80-90 avec quelques projets de grande ampleur comme Le Flic de Beverly Hills, Independance Day, Armageddon etc… Au début des années 2000, les affaires ne tournent plus aussi bien et tente sa chance à la télévision avec Les Experts. Des histoires banales misent en valeur par une réalisation clippesque et des filtres à vous donner l’impression d’avoir passé la nuit à se cuiter à l’absinthe. Des bimbos, des clichés, un peu de moral judéo-chrétienne… Le public est content.

En plus de rapporter beaucoup d’argent, la franchise est rentable sur le long terme. Les Experts : Las Vegas, première des trois variantes, en est à sa 7ème saison aux Etats-Unis et attire toujours une moyenne de 20 Millions d’américains chaque semaine, ce qui en fait le programme de fiction le plus regardé. L’an passé, notre équipe de policiers scientifiques s’était fait griller leur position de leader par l’inattendu Grey’s Anatomy. Mais cette dernière, qui a sérieusement dégringolé niveau qualité, n’a pas tenu longtemps la barque et s’est fait de nouveau doubler par le CSI (Police scientifique américaine) du Nevada. Les Experts : Miami tournent à une moyenne de 15 Millions de spectateurs et cartonne également en France avec 10 Millions en moyenne ! Les Experts : Manhattan est la plus faible des trois côté audience mais maintient entre 11 et 13 Millions d’adeptes.

En 2000, Les Experts (Las Vegas) ne jouissent pas vraiment d’un gros budget pour leur première saison. Il faut dire que suivre les péripéties de policiers scientifiques n’avaient rien de très marketing, surtout quand on sait que le producteur Anthony E.Zuiker défendait l’idée d’une série où les personnages n’useraient jamais de leur arme à feu. Quoiqu’il en soit, les monteurs de ce show sont parvenus à donner de la substance à la série en l’habillant d’effets de synthèse, de bidouilles bien clinquantes et d’un générique sous le tempo de The Who ! On en oublie presque les intrigues un peu répétitives même si les scénaristes ne manquent pas d’imagination pour donner du relief au fil de l’investigation. Le show bénéficie également d’une interprétation de qualité avec notamment William Petersen (Le Sixième Sens, Le Solitaire) qui brille à l’écran et des seconds rôles qui s’en sortent bien. D’une qualité honnête mais pas renversante, on peut quand même souligner la stabilité au bout de 7 saisons.
CSI : Las Vegas cartonne et les producteurs ne résistent pas à l’appel d’un spin-off qui prendrait pieds dans un environnement plus exotique : Miami. Secrètement, on cherche surtout à séduire un nouveau public, plus jeune et moins pantouflard que la série mère. Ainsi Les Experts : Miami débarque en grande pompe. Pour annoncer la couleur, on fait signer le très polémique David Caruso (NYPD Blue, Kiss Death, Kings of New York) pour incarner le patriarche Horacio Caine. Autant dire que le personnage (et l’acteur) monopolise l’intérêt de la série, qui par ailleurs est inférieure à son aînée. Intrigues plates, seconds rôles superficiels… le tout cramé par un traitement de forme vomitif. Reste un rythme plus nerveux, des fusillades qui la distingue de Las Vegas et surtout des filles en bikini à en pleuvoir. Les saisons récentes ont quelque peu corriger les erreurs passées et mettant en valeur la décadence de Miami. Mais ça reste relativement médiocre.

Las Vegas cartonne, Miami cartonne… « Jamais deux sans trois » et les producteurs veulent créer un nouveau spin-off mais souhaitent cette fois changer la donne en proposant quelque chose de différent. Fini donc l’exotisme des palmiers et des casinos, on retrouve donc de nouveaux « experts » mais cette fois à New York, sous le froid, la pluie et les buildings bourrés d’amiante. Ce grand changement se ressent par une photographie qui vire au bleu et au gris, ainsi que des décors froids et crasseux. Un changement qui s’opère aussi dans la qualité puisque la première saison des Experts : Manhattan est excellente avec des scénarios macabres, des personnages torturés et un humour noir très sympa. Malheureusement l’audience est moyenne et la seconde saison se veut plus proche des deux autres série. La qualité se ressent et on passe d’une première saison encourageante à une seconde ennuyeuse tournée en plus à Los Angeles (c’est crédible...). On peine donc à lui trouver un intérêt mais les audiences remontent. Une déception ! Dernière chose : on retrouve Gary Sinise (Forrest Gump, Mission to Mars) comme star et accompagnée de Melina Kanakaderes (Providence). Bon cast dans l’ensemble même si l’on regrette le départ de Vanessa Ferlito (Boulevard de la mort) et le changement de poste de Hill Harper qui était excellent en légiste, beaucoup moins en enquêteur.


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