dimanche 19 août 2007

The Fountain : nouveau chef d'oeuvre ?

Darren Aronofsky fait parti de cette nouvelle génération de réalisateurs qui sont parvenus à s'extraire du mécanisme bien huilé du cinéma commercial sans âme. Après deux films qualifiés de chefs d'oeuvres : Pi (1999) -que je n'ai pas encore eu la chance de voir- et surtout Requiem for a Dream (2001), vision subjective ultra-réaliste et percutante du monde des toxicomanes, on attendait le "nouveau génie" au tournant. Après plus de cinq ans d'attente et une production laborieuse (changements d'acteurs à la dernière minute et budget taillé en deux), son nouveau projet arrive comme un messie, il s'appelle The Fountain.

The Fountain laisse de côté la paranoïa et la destruction humaine au profit de thèmes plus mystiques comme l'immortalité et l'espoir. Le scénario est plutôt original mais aussi étonnamment simple. Il raconte l'histoire parallèle d'un même homme dans la peau de trois personnages à différentes époques. Il y a d'abord Tomas, conquistador espagnol partant en terre Maya pour dénicher la fontaine de Jouvence, fruit de l'immortalité; Tommy, scientifique du présent, cherchant désespérément à trouver le secret qui guérira le cancer de sa femme mourante; enfin Tom, astronaute philosophe et adepte du taï-chi, en quête de réponses mystiques. Ces trois histoires ont toutes le même but : l'espoir de la vie éternelle.

A l'image de ses deux opus précédents, Aronofsky s'attelle à un nouvel exercice de style. TheFountain est un trip philosopho-sensoriel et pictural à la 2001, l'Odyssée de l'espace. Le succès n'était donc pas assuré. Et malheureusement, le réalisateur s'est fourvoyé dans un discours brouillon et convulsif. A force de vouloir trop en faire avec des images superbes mais foisonnantes, les spectateurs se perdent en toute. L'ironie est que le scénario est finalement d'une bête simplicité. Au final, The Fountain parait un brin prétentieux d'autant plus que l'on a la désagréable impression de voir un moyen-métrage surgonflé à 1 h 40, tatillonnant plus d'une fois l'ennui. Cette histoire aurait peut-être mérité un traitement plus dans la sobriété et non pas dans le démonstratif clinquant. Si la recette fonctionnait avec Requiem for a Dream, ce n'est pas le cas ici.
The Fountain est donc une certaine déception. Néanmoins on est à mille lieux du mauvais film. D'autant que derrière ces maladresses de style, il reste quand même un talent évident. DarrenAronovsky est comme le premier de la classe qui se laisse aller à son génie mais qui manque de maturité. La réalisation, aussi excessive soit-elle, est la preuve d'une maîtrise incontestable. Peu de réalisateurs peuvent se targuer d'une telle inspiration dans le cadrage.

En dehors de ces qualités intrinsèques, on nous propose une interprétation de premier choix. Hugh Jackman se bonifie de film en film et Rachel Weiz est charmante à souhait. Soulignons aussi une bande son onirique absolument fabuleuse, très certainement l'un des plus belles de ces dernières années.

Darren Aronofsky perd son pari avec The Fountain. Néanmoins c'est un film à voir. Ne serait-ce que pour la beauté de l'image et du son. Un film-oeuvre d'art beau, avec beaucoup de goût mais maladroit et trop étincelant pour être vraiment bon.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Oui je suis assez d'accord avec toi sur le film. On peut effectivement parler de déception mais je crois que le film patit beaucoup d'être le "successeur" de Requiem for a dream dans la filmo d'Aronofsky, aussi peut-être ne faut-il pas rentrer dans la comparaison. Néanmoins les images et la musique sont d'une incroyable beauté et les dernières minutes sont tout simplement hallucianantes. Dommage que les séquences "mayas" ne soient pas plus étoffées...