Personne n'a pu passer à côté de la série Grey's Anatomy. Arrivée en fanfare l'été dernier en France, la série fait un tabac monstrueux dans le monde et en particulier Outre-Atlantique où elle est la série la plus regardée. Avec une moyenne d'environ 22 Millions de mangeurs de doughnuts assidus, elle s'est permise de battre Les Experts : Las Vegas, qui s'endormait sur sa position de leader depuis plusieurs années. Comment une série aux ambitions modestes a-t-elle pu cartonné à ce point sur une chaîne à audience modérée (ABC, l'équivalent d'M6 chez nous) ? De plus que vaut Grey's Anatomy ?
Pour les quelques amnésiques qui ne le sauraient pas encore, Grey's Anatomy raconte la vie mouvementée de cinq jeunes adultes faisant leur internat en chirurgie dans le super méga hôpital Seattle Grace (à Seattle...) qui regroupe les meilleurs médecins du monde et les péripéties les plus folles. On est bien aux Etats-Unis pas de soucis! La série se veut avant tout un "soap", c'est à dire une fiction qui raconte la vie de ses personnages, un peu comme les Feux de l'Amour (les éclairages studios en moins). La comparaison avec Urgences est inévitable car elles plantent toutes les deux leur décor dans un hôpital. Néanmoins quoiqu'en en dise les mauvaises langues, la comparaison s'arrête là. En effet, Grey's Anatomy se veut beaucoup plus léger et "télévisuelle" que sa soi-disante consoeur. Urgences, à l'inverse, est plutôt cinématographique dans son concept. La série privilégie le spectaculaire des interventions et se sert de la vie privée de ses médecins comme un tremplin menant aux coups d'éclats récurrents. L'ambiance est plus noire et plus réaliste aussi (hôpital sous équipé et climat de pauvreté de Chicago très palpable). L'humour y est toutefois présent bien que ce soit du second degré avant tout.
Mais revenons à l'objet de notre billet : Grey's Anatomy. Est-elle la série du moment ? Dans un premier temps, il faut prendre en compte que la série partait sur des objectifs modestes et ne comptait pas emmagasinée une audience massive. Voilà pourquoi la première saison prend des airs de programme issu du câble en prenant quelques risques intéressants. Humour grinçant, dialogues corrosifs et une mise en avant des trois héroïnes qui montre que les producteurs tentaient de séduire une population féminime avant tout. Toutefois la série ne manque pas de défauts. Premièrement, une obsession pour le sexe. Amusante dans le pilote, on a vraiment l'impression par la suite de regarder Sexe Files sur NT1 tant les dialogues sont gnan-gnan et ne parlent que de cul! Sans être coincé de l'abricot, on sature! (surtout si l'on est un mec, vu qu'on ne voit aucun bout de sein...). Il ne reste plus grand chose après ça. On saluera néanmoins le réalisme des opérations, bien qu'imparfait mais qui fait mieux que Urgences.
Après neuf épisodes, le succès est au rendez vous. Mais la série veut déjà évoluer et se transformer en un vrai show de grande antenne. La deuxième saison va donc mettre les bouchées doubles et nous servir pas moins de 29 épisodes spectaculaires. Grey's Anatomy veut manger les adeptes d'Urgences et devient du coup moins porté sur le cul. On y voit plus d'opérations, plus de sang, les personnages sont plus torturées, plus fourbes... Le côté léger en prend un coup et on suppose que la moitié de l'audimat de la première saison a mis les voiles mais au bénéfice de nouveaux adeptes, masculins. Si la série est plus digeste du point de vue du grand public, elle n'atteint pas des sommets pour autant. Les personnages manquent de charisme et seuls les loosers comme George ou les méchants sans coeur comme Alex ou Christina tirent leur épingle du jeu. Je trouve d'ailleurs que Meredith, l'héroïne, est désespérément plate (pas physiquement je vous rassure). Les scénarios sont aléatoires mais néanmoins correctes dans l'ensemble.
La troisième saison confirme le succès explosif de ce show médical. Mais on sent déjà que la série s'essoufle. Les scénarios basculent dans le quasi-ridicule et les relations entre personnages sentent les pâtes trop cuites. Les 25 épisodes qui la composent sont chiants, pas du tout inspirés, surtout sur la fin où ça tourne en rond comme une vraie toupie. Même les personnages "intéressants" comme Alex deviennent lisses au possible. Bref une série qui se meurt de l'intérieur même si son audimat en redemande. Les producteurs ont même cédés à la mode du spin-off avec la création d'une série parallèle Private Practice, mettant en avant le personnage sous-exploité d'Addisson Montgomery.
Grey's Anatomy est une série chanceuse mais pas géniale pour autant. Elle profite du retour à la mode des séries médicales comme l'est un autre gros succès tout aussi superficiel : Dr.House. Un programme sympathique mais léger non seulement dans le ton mais aussi dans l'intérêt. Le manque d'inspiration des scénaristes risque de porter un coup fatal à l'audience. Peu de chance qu'elle atteigne les 14 saisons d'Urgences. Surtout qu'au bout de 3 saisons, cette dernière n'avait pas fini d'enthousiasmer les critiques.

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