jeudi 27 septembre 2007

28 semaines plus tard

28 semaines plus tard est ce genre de film qui ne peut vous laisser indifférent. Que l'on aime ou pas, ces deux heures très intenses ont cet effet que peu de films possèdent : celui de marquer le spectateur quelqu'il soit. Ce film d'horreur-politique est la suite d'un film anglais très réussi de 2003 : 28 jours plus tard, réalisé par Danny Boyle (Trainspotting, La Plage...). Il raconte l'issue dramatique d'une épidémie d'un redoutable virus artificiel dans toute l'Angleterre. Ce dernier inhibait les humains d'une violence bestiale dont l'instinct premier était de contaminer la population par le sang ou la peau. Un speech qui lorgne du côté de la série Z mais le résultat final, redoutable d'efficacité, faisait largement oublier ce résumé faussement potache. Danny Boyle s'était à l'époque très largement inspiré du chef d’œuvre de l'horreur "Zombie" de Georges Romero, mais troquait le mythe cinématographique du zombie contre une approche plus télévisuelle et réaliste d'une contamination incontrôlable (tourné en DV + caméra épaule). Le résultat n'en était que bluffant, une expérience troublante par son réalisme et plongeant le spectateur dans un malaise quasi-jouissif.

28 semaines plus tard est-elle une suite digne du premier film ? La réponse est OUI. Ce qui est amusant, c'est ce que ce second volet est aussi réussi qu'inutile. Autant le dire tout de suite, il n'apporte rien de vraiment neuf mais il faut reconnaître qu'il pousse l'expérience terrifiante du premier encore plus loin, notamment grâce à un budget plus confortable. On aurait pu craindre une suite commerciale et bancale, heureusement ce n'est pas le cas. Cette fois ci, Danny Boyle n'intervient plus qu'en tant de producteur et se fait remplacer par un réalisateur espagnol Juan Carlos Fresnadillo (Intacto) qui va apporter à ce film un ton bien plus radical mais ne négligeant jamais ce qui a fait le succès de son prédécesseur.

28 semaines après l'épidémie qui a ravagé Angleterre, les autorités publiques et sanitaires estiment que le pays peut être repeuplé à titre expérimental dans un quartier de la City de Londres. Voilà pourquoi on fait venir un contingent d'hommes et de femmes dont la mission sera de valider si oui ou non le risque de contamination existe toujours et si ce n'est pas le cas, d'amorcer la réhabilitation du pays. Cette repopulation est par ailleurs encadrée par l'armée américaine, chargée d'intervenir en cas de force majeure. La transmission du virus étant très rapide et irrémédiable... Tout se passe bien jusqu'à ce qu'on retrouve cette femme, terrée dans une maison londonienne. Les médecins se rendent compte qu'elle est porteuse du virus mais qu'elle produit une forme de résistance. Une chance ?... ou une catastrophe?

Juan Carlos Fresnadillo annonce la couleur au bout de 5 min. 28 semaines plus tard se veut beaucoup violent et brutal que le premier volet. Jamais un début de film n'avait été aussi dérangeant. Ce qui tranche littéralement avec le film précédent est incontestablement son ton bien plus pessimiste. Si 28 jours plus tard mettait en avant l'espoir, sa suite revendique clairement le fatalisme et se fait une idée de la vie beaucoup moins illusoire. Certains détesteront cette nouvelle voie que s'est offert le réalisateur espagnol. Ce qu'on gagne en gore et en violence, on le perd aussi en profondeur et en finesse (même si quelque part c'est un plus pour cette franchise qui se veut être un docu-fiction). Aucun vrai héros pour ce second opus; et les quelques figures qui s'improvisent comme tel se voient infliger d'un sort particulièrement cruel. Oui, ce deuxième volet est un film proprement insoutenable, en particulier dans ses deux derniers tiers. Certaines séquences comme le "confinement" ou l"'épuration" sont des épisodes tellement atroces qu'ils donnent envie de gerber. Pas seulement pour leur aspect gore (qui reste finalement modéré tout le long du film) mais surtout par son aspect dramatique qui ne laisse aucune place à la moindre lueur d'espoir.

28 semaines plus tard est une expérience aussi fascinante qu'insupportable. Je préviens tout de suite, ce film est l'un des plus perturbant qu'il m'a été donné de voir. L'interdiction -12 ans est donc une aberration compte tenu du caractère très traumatisant de certains passages. Ne laissez donc pas vos enfants aller le voir, c'est un conseil que je donne.

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