jeudi 6 septembre 2007

Blade Runner : Mais qui peut rêver de moutons électriques ?

Il fut une époque déjà lointaine où Ridley Scott avait encore tous ses cheveux et toussotait après avoir fumé un cigare. C'était aussi le temps où sa réputation de grand réalisateur était encore justifiée. Avec Alien en 1978, il prouve au monde entier qu'il n'est pas utile d'avoir des centaines de millions de dollars pour faire un film de science-fiction impressionnant : une référence encore aujourd'hui (le film en a coûté 11, ce qui est ridicule aujourd'hui). Bref Sir Scott fait parti, au début des années 80, du club des meilleurs réalisateurs de sa génération après avoir enchaîné trois films de prestige : Les Duellistes, superbe fresque napoléonienne ; Alien, LA référence du fantastique et enfin le film que je vais vous présenter dans ce billet : Blade Runner. Selon moi son meilleur film et une étoile immortelle du 7ème art. Mais en 1982, date de sa première sortie, c'est un film mal vendu et totalement incompris du grand public. Aujourd'hui il n'en reste pas moins un mythe de la science fiction pour tous ceux qui auront regardé au delà de ses effets spéciaux, très réussis par ailleurs, mais dissimulant une profondeur scénaristique grandiose. Une perle cinématographique à placer à côté de 2001, l'odyssée de l'Espace, rien que ça!

Mais avant de revenir plus en détail sur cette oeuvre, parlons un peu du contexte. Tout d'abord Blade Runner est une adaptation assez libre d'une nouvelle de Philip K.Dick (Minority Report), l'une des icônes de la littérature de science-fiction. La nouvelle en question est "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?". Un texte au titre étrange et à priori sans prétention démesurée mais qui va donner un film totalement révolutionnaire pour l'époque (1982).

Blade Runner se déroule dans un futur proche (2019) dans un Los Angeles dépouillé et crasseux où les rayons du soleil peinent à percer l'épaisse couche de pollution. Le héros s'appelle Richard Deckard (Harrisson Ford), un inspecteur de police qui officiait autrefois dans les "Blade Runner", des agents spéciaux chargés de débusquer puis d'exécuter les "Réplicants". Ce sont des androïdes crées par les humains qui avaient pour tâche de travailler dans les chantiers spatiaux. Malheureusement leur conception, trop parfaite, les a transformés en êtres rebelles et nuisibles pour leurs créateurs. Au moment du film, l'ensemble de ces cyborgs sont censés avoir été "contrôlés" ou anéantis pour les plus rebelles. La police fait pourtant appel à Deckard pour reprendre du service car plusieurs meurtres sordides laissent à croire que des Réplicants renégats sont revenus à Los Angeles. La chasse commence...

Blade Runner associe le côté spectaculaire des films de Science-Fiction, le film policier et un fond narratif approfondi qui présente une réflexion profonde sur le sort de l'homme. Un mélange assez improbable à une période très marquée par Star Wars qui va dérouter le public. Le film sera alors vendu comme un simple produit spectacle d'anticipation. Résultat : un montage lapidé par des producteurs trop frileux et un semi-flop au box office. Il faut attendre 1991 pour que Ridley Scott propose un director's cut (nouveau montage supervisé par le réalisateur) et que Blade Runner retrouve toutes ses lettres de noblesse. Une ressortie très remarquée par le public et surtout par les critiques qui ne tarissent pas d'éloges sur cette nouvelle version qui fait redécouvrir un chef d'oeuvre unique et puissant qui avait trop d'avance sur son temps pour être apprécié correctement par ses spectateurs (comme 2001, l'Odyssée de L'espace en somme...).

Ce film est culte dans la mesure où une quantité impressionnante de films, de livres ou de jeux vidéos se sont inspirés de son ambiance et de son contexte unique. Il est vrai que l'atmosphère de Blade Runner est littéralement fascinante. On est bien loin de la technologie kitsch à la Star Trek. Ici on cherche surtout à proposer une projection la plus réaliste possible du futur. Encore aujourd'hui, on est plutôt surpris du résultat tant il est proche de notre monde tel que nous le vivons : embouteillage, pollution, explosion de violence, invasion de la publicité. L'univers de Blade Runner est bercé de solitude et de mélancolie. Une ambiance presque onirique porté par une partition grandiose de Vangelis, une référence tout simplement.
L'autre point fort de ce film est incontestablement son visuel de toute beauté. On sait que Ridley Scott est un amoureux des belles images et s'en donne ici à coeur joie. Toute comme ses précédentes oeuvres, BR ne bénéficie pas d'un budget important (28 Millions de dollards) mais parvient grâce à un usage astucieux des maquettes et du tournage en studio à créer une dimension grisante. La photographie est fine et inspirée, tout comme la qualité d'inspiration des décors. Une peinture futuriste grandiose.

La réalisation est digne des plus grands. Ridley Scott maîtrise sa Panavision c'est une évidence et met ses personnages sur un piédestal. Il parvient à donner une lueur "artificielle" dans la couleur bleue azur des yeux de ses Réplicants . Une interprétation de grande classe qui associe quelques grands noms comme Rutger Hauer (La Chair et le Sang, Sin City), Sean Young (Sens Unique) ou encore Daryl Hannah (juste avant de faire la naïade blondinisée dans Splash!).

Un grand film d'anticipation dont les quelques défauts serait une certaine lenteur et quelques scènes plus faiblardes que d'autres (L'exécution de Léon). Une oeuvre culte et magnifique dont ce serait un sacrilège de passer à côté!

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